« Aux autorités politico administratives et judiciaires, de fermer les chambres des prières qui versent dans les dérives liées aux accusations de sorcellerie » ; c’est l’une des recommandations formulées par l’Association des Femmes des Médias, AFEM lors de la présentation devant la presse et les organisations de la société civile ce 12 mai 2023 à Bukavu, du feuillet d’information sur les cas d’incidents d’insécurité et violences basées sur le genre rapportés de janvier en avril 2023 dans la ville de Bukavu, Luvungi, Sange (en territoire d’Uvira), Minova (en territoire de Kalehe) et Nyangezi (en territoire de Walungu).
Au vu et au su de ce que rapporte les Noyaux Clubs d’Ecoute d’AFEM, qui effectuent le monitoring sur la paix et la sécurité dans leurs communautés respectives ; 275 cas de violations des droits humains ont été répertoriés, parmi lesquels 105 cas d’accusation sorcières.
« Depuis le début de l’année 2023, AFEM a documenté 105 cas d’accusation sorcières dont 15 femmes tuées, la ville d’Uvira vient en tête avec 6 femmes tuées, 3 femmes à Kalonge, 2 femmes tuées à Burhale, 2 femmes tuées à Minova et 2 autres à Luvungi. De ces cas l’on note 91 femmes chassées de leurs villages et leurs cases détruites. A titre illustratif, le 7 mars 2023, 2 femmes ont été brulées vives à Burhale par des jeunes en colère ; dans le même ordre d’idée une femme de troisième âge a été assassinée dans le groupement d’ltara en date du 6 avril 2023, » fait Savoir, Caddy Adzuba, présidente du conseil d’administration de AFEM.
D’autres cas, sont ceux des violences sexuelles, domestiques, des cas de vols et pillages des biens des paisibles citoyens, des enlèvements, des tueries.
La Constitution de la République Démocratique du Congo accorde tous les droits humains et à la femme comme à l’homme. Cependant, la femme reste victime de toute sorte de violences au sein de la communauté et, sur le plan social, elle est assujettie à diverses contraintes d’ordre culturel dont les coutumes rétrogrades qui ne lui permettent pas d’accéder pleinement à la jouissance de ses droits, ce qui réduit sa participation aux efforts de développement de la communauté.
« Ces mentalités et pratiques culturelles influent sur le statut de la femme et sur le complexe de supériorité de l’homme envers elle au sein de la société, » ajoute-t-elle.
La loi de 2006 sur la parité et les violences sexuelles punit sévèrement toutes sortes d’abus sexuels commis sur les femmes et filles. « Force est de constater que malheureusement les violences sexuelles continuent d’être commises non seulement par les hommes en uniforme, mais aussi par des civils dont certains pour des fins inavouées. Des cas viols incestueux se commettent dans la communauté et sont souvent réglés par des arrangements à l’amiable avec toutes ses conséquences notamment la perpétuation des viols au sein des familles », conclut-elle.
La problématique des droits des femmes, de paix et de sécurité, reste palpable dans l’Est de la République Démocratique du Congo, cette partie du pays qui fait face à d’énormes crises, sécuritaire, politique, sociale et économique depuis des années. Cette situation impacte négativement la vie socio-politique des communautés, une source des conflits armés et intercommunautaires.
C’est dans ce contexte que AFEM, dans le cadre du projet : « promotion des droits des Femmes au Sud-Kivu à travers les actions de prévention et lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre pour la consolidation de Ia paix, » avec l’appui financier de la GIZ a organisé cette activité.
Divin Cirimwami
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